MONTRÉAL — L’incendie majeur qui s’est déclenché jeudi après-midi au monastère du Bon-Pasteur, un immeuble patrimonial du centre-ville de Montréal construit au XIXe siècle, était sur le point d'être maîtrisé vendredi soir.
Il n’y a plus de flammes ni de fumée depuis 19 h environ, précise le chef de section Sylvain Jalbert du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM).
Il explique que le SIM est en «surveillance de débris», c’est-à-dire que les pompiers s’assurent qu’il n’y a pas de risque que le feu se rallume.
Une trentaine de pompiers étaient encore les lieux en soirée pour achever de maîtriser l’incendie. Au plus fort du brasier, ils étaient 150 ; quelque 66 véhicules avaient été mobilisés, rappelle M. Jalbert.
Les autorités ont fait le point en milieu de journée sur le brasier, qui semble avoir grandement endommagé l'édifice, mais qui n'a heureusement fait aucun blessé. Une vingtaine de personnes qui habitaient l'endroit étaient aidées par la Croix-Rouge.
«C'est d'une tristesse inouïe. Cet endroit-là, c'est un lieu magnifique, on parle d'une chapelle, on parle d'un bâtiment patrimonial qui avait été restauré dans les règles de l'art», s'est désolée la mairesse Valérie Plante en point de presse.
La fumée qui se dégageait de l'incendie a d'ailleurs incité Environnement Canada à émettre un bulletin spécial sur la mauvaise qualité de l'air et une visibilité réduite pour les secteurs avoisinants l'incendie. Les niveaux de pollution ont été supérieurs à la normale et ont persistéjusqu'en mi-journée.
Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) est intervenu peu avant 17 h jeudi au monastère du Bon-Pasteur situé à l'intersection de la rue Sherbrooke Est et de l'avenue Coloniale. En quelques heures, l'incendie s'est propagé sous le toit, dans les combles, nécessitant une cinquième alarme.
«À cause de la nature de la construction, de la forme du bâtiment, des matériaux de construction, c'est extrêmement difficile d'atteindre le foyer de l'incendie par en haut et par l'intérieur», a expliqué Richard Liebmann, directeur du SIM, en conférence de presse.
M. Liebmann n'était alors pas en mesure de dire à quel moment les pompiers pensent prendre le dessus sur le brasier. Il ne s'est pas non plus avancé sur les causes possibles.
Valeur patrimoniale
Étant donné la nature patrimoniale de l'édifice, le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, accompagnait la mairesse Plante en point de presse.
«C'est sûr que dans l'immédiat, on se concentre sur la maîtrise de l'incendie», a indiqué le ministre.
«Je pense qu'ensuite, quand on sera rendus là, ce sera important avec la Ville qu'on collabore pour qu'on puisse le plus possible reconstruire, restaurer pour que la communauté puisse continuer d'occuper les lieux.»
La députée solidaire Manon Massé était très émue par cette perte pour son secteur.
«Quand j'ai vu la coupole – la coupole, là, de Bon-Pasteur, c'est un point de repère dans notre milieu, c'est un phare, un guide. Là, j'en ai des frissons, ce guide est éteint», a-t-elle déploré.
«Malheureusement je ne suis pas certaine qu'on va pouvoir reconstruire ce qui a été fait il y a des décennies, voire un siècle.»
Images préoccupantes
L'organisme Héritage Montréal, dont les locaux sont situés dans le monastère, a partagé sur les réseaux sociaux des images qu'il a qualifiées de «préoccupantes», où l'on pouvait voir un important panache de fumée s'élever au-dessus du bâtiment.
Classé immeuble patrimonial depuis 1979, le monastère du Bon-Pasteur «témoigne de l'histoire des communautés religieuses féminines au Québec», selon le site du ministère de la Culture et des Communications.
Il a été construit dans la deuxième moitié du XIXe siècle pour accueillir les activités des sœurs de Notre-Dame du Bon Pasteur d'Angers. Il a conservé sa vocation religieuse jusque dans les années 1960.
Acquis en 1984 par la Société immobilière du patrimoine architectural de Montréal (SIMPA), le monastère sert aujourd'hui de centre multiservice qui comprend une résidence pour personnes âgées, une coopérative d'habitation, une garderie et des copropriétés.
La Fédération de l’habitation coopérative du Québec (FHCQ) a d'ailleurs lancé un appel dans son réseau afin de reloger les 27 ménages de la coopérative, qui sont des ainés, des familles et des personnes seules.
La chapelle publique, située au centre du complexe, est maintenant une salle de concert qui fait partie du réseau des maisons de la culture de la Ville de Montréal.
La Presse Canadienne
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