La méfiance envers le travail des journalistes gagne une bonne partie des Québécois : près de la moitié de la population a l’impression qu’ils diffusent, souvent ou parfois, de fausses nouvelles délibérément. Notre rapport aux médias traditionnels varie énormément selon nos préférences politiques, nuance cependant cette même étude.
La firme Léger a sondé près de 1600 Québécois à la fin avril dans le cadre d’une étude dont les résultats ont été dévoilés la semaine dernière lors du Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer. Il s’en dégage que 37 % des répondants croient que les journalistes diffusent parfois des nouvelles volontairement trompeuses. À cela s’ajoute un 8 % qui est d’avis que les journalistes relaient souvent de fausses nouvelles.
« C’est assez troublant comme résultat. Il y a eu la pandémie, mais le problème est plus large. Il y a beaucoup d’éducation à faire dans la population pour démystifier le travail des journalistes. Et il faut que ce soit une éducation critique qui soit faite. Pas une éducation complaisante à l’égard du travail des journalistes. Quand les gens ont des doutes, et qu’on fait juste dire que leurs doutes ne sont pas fondés, ça ne marche pas », soutient Marc-François Bernier, professeur titulaire au Département de communication de l’Université d’Ottawa.
Cette récente étude, qu’il cosigne avec la professeure Marie-Ève Carignan de l’Université de Sherbrooke, révèle par ailleurs que 40 % des Québécois pensent que les aides gouvernementales accordées aux médias poussent les journalistes à être moins enclins à critiquer le gouvernement. Ils sont presque autant, 38 %, à croire qu’au contraire, le financement public des médias n’a aucune incidence sur le travail des journalistes.
« Pendant 100 ans, les médias ont dit qu’ils étaient indépendants par rapport aux décideurs, car ils étaient capables d’être autonomes financièrement. Ce n’est que depuis dix ans que le discours a changé. Les médias disent maintenant qu’ils ont besoin d’aides publiques pour traverser la crise que l’on connaît, mais assurent que cela n’affecte pas leur impartialité. Mais dans la population, on remarque que l’ancien paradigme est encore bien enraciné et ça va être long avant que ça change », analyse Marc-François Bernier.
Sans surprise, les sympathisants du Parti conservateur d’Éric Duhaime sont de loin les plus hostiles à l’égard des médias, notamment en ce qui a trait aux aides publiques qui leur ont été consenties. Plus de 80 % des conservateurs notent que ces subventions dissuadent les journalistes de s’attaquer au gouvernement.
Qui plus est, selon 63 % d’entre eux, les médias sont « trop à gauche ». À l’autre bout du spectre politique, un peu moins du quart des électeurs de Québec solidaire considère que les médias sont « trop à droite ».
Mais peu importe le parti auquel ils s’identifient, les Québécois préfèrent Radio-Canada pour la qualité de l’information. C’est particulièrement vrai chez les sympathisants de Québec solidaire. Ils sont 45 % à affirmer que le diffuseur public est la source d’information la plus crédible au Québec, alors que moins de 11 % d’entre eux penchent pour l’empire médiatique de Pierre Karl Péladeau. A contrario, 38 % des caquistes optent pour Radio-Canada, soit à peine plus que les 31 % qui jugent que les médias de Québecor sont la meilleure source d’information.
« Parmi les cinq partis, les conservateurs sont les plus critiques des médias, mais on observe que les sympathisants de Québec solidaire ont aussi des réserves, notamment sur les médias privés et sur la place de la publicité. Les libéraux, les péquistes et les caquistes ont plus tendance à avoir confiance dans les médias », résume Marc-François Bernier.
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